VEF Blog

Titre du blog : L'âme du pouet
Auteur : JusteMopi
Date de création : 26-08-2007
 
posté le 19-07-2008 à 13:19:33

Automne-fin (le temps s'y prete bien)


La feuille était à nouveau portée par les ailes du vent, sentant sa fraîcheur parcourir ses rainures et lui donner un ultime souffle de vie.
Le froid de l'hiver s'était lentement installé sur le paysage, colorant de givre l'herbe verte des prés.
Elle avait quitté la ville, portée par un vent nouveau qui soufflait dans l'autre sens maintenant, la ramenant inexorablement au dessus des paysages qu'elle avait déjà survolés.
Elle avait entendu dire, ou alors le savait-elle par instinct, qu'à sa dernière heure arrivée on revoit toute sa vie défiler devant soi...Comme pour faire le deuil de ce que l'on laisse derrière soi, ou pour trier les souvenirs à emporter avec soi.
Elle, sa vie n'avait rien eu de très excitant. A part peut-être dans ses derniers moments. Depuis le début de son voyage jusqu'à cet instant. Et voilà que le vent lui faisait refaire ce parcours en sens inverse. Drôle de façon de revivre sa vie...
Drôle de voyage, tout simplement... Elle survolait ces lieux connus en se remémorant son premier passage mais également en se créant d'autres souvenirs. Les jeunes n'étaient plus sur le ponton dans le parc... Les cygnes s'en étaient rapprochés, se mêlant au bruissement d'ailes des canards se secouant comme pour enlever l'eau froide de leur plume et se réchauffer.
Le temps lui semblait suspendu.
Pourrait-elle voler encore plus haut si le vent le lui permettait?
Non. Le vent qui soufflait était un vent froid qui descendait du Nord et la ramenait vers son arbre. Pas de courant ascendant pour la porter plus haut mais un vent glaciale qui lui givrait les nervures et qui la rapprochait encore et toujours du sol, de la fin de son voyage. Elle n'aurait pas la chance de repartir une deuxième fois. Elle le savait au fond d'elle. Lorsqu'elle toucherait le sol, elle ne repartirait plus jamais et cesserait d'exister. Car c'est cela, mourir, cesser d'exister.
Les humains continuaient d'exister en quelque sorte dans la mémoire des gens avec qui ils ont traversée la vie... mais elle, qui se souviendrait d'elle?

"La question que tout le monde se pose: qu'est-ce qu'il y a après la mort? Moi je ne souhaite pas le savoir. Tout ce qui m'importe pour le moment c'est d'être encore en vie, peut-être plus pour longtemps, mais qu'est-ce que ca peut faire? voilà maintenant un petit bout de temps que je me laisse porter par le vent... Mais je sens très bien la vie quitter peu a peu mes rainures..seul sa morsure me maintient encore éveillée. Sa morsure et tous ces paysages qu'il m'offre. Comment peut -on faire le mort quand on a tant de chose à regarder? Comment peut-on les ignorer?
  "Tandis-que je survole le monde, je me pose tout de même quelques questions... Elles ont malheureusement rapport avec ma mort proche... La réponse à la plus importante de ces questions pourraient répondre à toutes les autres...Pourquoi ce cycle de vie si il doit se terminer par la mort? Pourquoi, surtout, un délai si court? A peine un souffle, un murmure dans l'immense age de l'univers. Une étincelle dans une chambre noire.
  "Néanmoins, plus je me pose ces questions, plus je me dis que cette vie n'est pas à négliger. Si courte qu'elle soit, elle nous est donnée pour que l'on en profite au maximum. Si on simplifiait la notion infinie du temps a une courte année, le moment de la vie serait un peu un soir de Noël ou le Père-Noël nous offrirait ce plaisir et ce cadeau immense qu'est la vie..Ah si seulement ça pouvait être comparer à une année... cela voudrait dire qu'au bout de cette année on aurait encore un soir de Noël, et encore ce cadeau...Malheureusement ici, l'année est infinie. Pas de deuxième chance. Un seul cadeau. Alors si nous ne profitons pas de ce cadeau...
  "Difficile, me direz-vous, de profiter de la vie lorsque l'on est attachée à une branche pendant une majeure partie de cette vie...On ne peut malheureusement pas profiter à chaque instant. Les obligations nous en empêche... Mais il faut savoir reconnaître les instant où l'on se décroche de la branche, où l'on est libre d'aller et de voir le monde, libre de profiter...

La feuille se posa lentement au pied de son arbre désormais nu. Son voyage se terminait là où il avait commencé, comme s'il n'avait été qu'un rêve dans l'esprit d'une feuille à l'agonie.

« Rêve ou pas, ce fut un beau voyage... »

 

 

 


L'histoire de cette feuille s'achève aujourd'hui et son périple avec. Le texte ne fait peut être pas 15 pages comme le pari le demandait mais l'important est de l'avoir écrit et d'y avoir pris du plaisir. Il faut savoir s'arrêter lorsqu'on raconte une histoire, savoir quand il ne sert plus a rien d'étoffer au risque d'étouffer l'histoire... Je ne souhaitais pas faire de texte a caractère moral mais ma plume en a décidé autrement...



« On ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas où l'on va » C.Colomb.

 

Commentaires

Shadow le 19-07-2008 à 14:09:51
Pari hautement réussi, félicitations. Bon il t'as pris pas mal de temps, même beaucoup; mais l'important est d'avoir su aller jusqu'au bout, ne rien lâcher et garder le but initial de ce récit. En tout cas ce dernier texte est superbe. Encore bravo!


Maintenant un autre défi... Et si on continuait notre livre?