....Me voilà maintenant en train de survoler une grande étendue d'eau...Je crois que c'est un lac...Les couleurs de l'automne se reflètent sur sa robe en perpétuel mouvement...Deux cygnes glissent  lentement dessus parmis les canards et les mouettes...Il y a quelques constructions humaines qui gachent un peu le paysage...au bord du lac il y a une sorte de ponton en bois...Des humains sont en train d'y faire des photos... Heureusement que ces humains là existent...des humains qui savent à quel point la nature peut être belle... Les humains ont au moins ça de bon...l'amour du beau...le concept d'art... Le Soleil m'a raconté tout ça... Moi qui croyait que les humains n'étaient bons qu'a vous ramasser une fois tombé... Comme quoi il faut parfois plusieurs points de vues différents pour bien définir une chose... Mais bon quoiqu'il en soit ce lac est beau... Le jeu de la lumière pâle de ce début d'automne sur sa surface est émouvant... Les arbres alentours sont également parés des couleurs de l'automne...Magnifique dégradé de rouge et de jaune sur le fond vert de l'herbe encore humide des dernières pluies...

...Je me demande vraiment jusqu'où va me porter le vent... Je n'ai pas la notion du temps... Je ne sais pas depuis combien de temps je me fais portée par le vent...Mais après tout...Est-ce vraiment bien important? Qu'importe le temps que je resterais à voler sur les ailes du vent... La vie ne m'a pas encore quitée...Je sens encore la sêve coulant dans mes rainures...mes veines...Mais combien de temps restera-t-elle encore en moi? Encore cette notion de temps...Pourquoi faut-il toujours se reporter au temps...Pourquoi ne pas laisser les choses se faire à la vitesses où elles doivent se faire...Arrêter de se demander quand elle se feront et comment...juste se laisser porter par le vent...Le vent de la vie qui nous porte vers notre destin...si funeste destin...

..Oui le monde est beau! Surtout sous son habit d'automne. Toutes ces feuilles jaunes orangées qui lui font come une couverture contre le froid approchant.
Ah comme il doit être bon d'être une épine né sur un conifère...Au moins l'automne ne décide pas de votre devenir...Mais on ne choisi pas où l'on naît...On ne choisi pas non plus ce que l'on est...

Moi je suis une feuille qui se meurt avec l'arrivée de l'automne...Je ne l'ai pas choisi...Si ça me convient...Je ne sais pas...Je ne peux pas savoir si j'aurais été plus heureuse de mon sort si j'avais été une épine, un mouton ou bien une vache...
Le monde est beau oui mais il est si cruel...Comment quelque chose d'aussi beau que la vie peut être terminée par quelque chose d'aussi terrible que la mort? Est-ce là l'équilibre du monde? Doit-il obligatoirement y avoir une part de mal dans toute bonne chose?
Quoiqu'il en soit je suis là aujourd'hui et demain je n'existerais plus...Mais je vais arrêter de me poser toutes ces questions...Il ne me reste plus beaucoup de temps à vivre...Et ce dernier voyage que le vent m'offre est une opportunité dont je me dois de profiter...Ce que je découvre aujourd'hui est si merveilleux...C'est triste de ne remarquer cela qu'à mon dernier jour passé parmis cette beauté...à participer à cette beauté...cette cruelle beauté...

Je tombe lentement…Je ne suis pas pressée d’atteindre le sol. Le vent me porte loin de mon arbre…Non je ne veux pas m’en éloigner…Je veux mourir au près de ma maison, au pied de mon foyer. Ce maudit vent m’emporte et je ne peux pas lutter. Il me soulève, me retourne, il joue avec moi. Je sens son souffle le long de chacune de mes nervures.

 Cette sensation est assez agréable il faut l’avouer.

Si seulement il pouvait me faire voyager loin avant de me ramener mourir au pied de l’arbre qui m’as vu naître ! J’ai toujours rêvé de voyage mais je ne voulait pas quitter ma maison…Je ne pouvait pas la quitter…Mes racines sont là bas.

 Pourtant quand j’entendais le Soleil, ce gros bavard, me conter ses histoires de tours du monde en me gavant de lumière, je l’enviait vraiment. J’aurais tant aimé découvrir le monde extérieur. Si seulement j’avais put.

C’est la seule chose que je regrette je crois. Mais désormais c’est trop tard. La sève s’arrêtera de circuler dans mes rainures et je me dessécherai puis je me décomposerai. C’est le cycle de toute vie. La naissance, la vie, la mort, la décomposition. Est-ce qu’il y a une vie après la mort ? Je n’en ai aucune idée. Même le Soleil, lui qui a tout vu, n’as pas su me répondre à cette question.

Je crois que personne n’a la réponse à cette question…Enfin ! Je servirai peut-être de compost à un jardinier…qui sait ? Je ne sait même pas où le vent va m’emporter.

J’ai quitté le jardin où se dresse mon arbre et survole maintenant des champs de verdure. Quelques vaches y paissent paisiblement. Elle ne savent pas le sort qui les attends. Le Soleil m’a raconté…Celles qui ne sont pas là pour faire du lait finissent en entrecôte ou en bifteck dans l’assiette d’un humain. Quelle triste faim…Je me meurs mais j’arrive quand même à faire de l’humour !

La mort est ironique parfois…Le Soleil m’a raconté qu’un jour, un Vendredi treize je crois, un homme qui était très superstitieux, je ne comprendrait jamais les croyances des humains, n’était pas allé au travail de peur qui lui arrive malheur dans la journée…Il était mort d’une piqûre de guêpe alors qu’il était sorti dans son jardin…Tiens des moutons ! Je n’en avait jamais vu auparavant…Je crois que c’est des moutons…en tout cas ça ressemble à la description que le Soleil m’en a fait un jour.

En parlant du loup…voilà qu’il pointe son nez derrière le gros nuage gris. Le vent m’a mit sur le dos. Je ne vois plus le sol désormais…Je vais pouvoir parler une dernière fois avec le Soleil…je ne lui en veux pas de nous avoir abandonné…toute chose a une fin…comme les vaches.

-hé ho ! Comment vas-tu Soleil ? Comment se passe la vie au dessus des nuages ? Moi la mienne se finit bientôt. Il ne me répond pas…Peut-être ne m’entend-t-il pas à cause du vent !! Ou peut-être ne veut-il pas parler à une feuille presque morte. Ou peut-être qu’il n’en a rien à faire de moi ! Après tout il a eut le temps d’en voir des feuilles comme moi…le veinard…il paraît qu’il lui reste un bout de temps à vivre et qu’après il aura une autre vie sous différentes formes… Il m’a dit qu’il finirait peut-être en naine blanche…il m’a expliqué aussi tout le phénomène…quel charabia ! Notre vie est bien moins compliquée…et notre mort encore moins ! C’est drôle… Je vais bientôt quitter ce monde et ce n’est que maintenant que je m’aperçoit à quel point il est beau !

Parce que l'été touche a sa fin j'avais envie de continuer a écrire, ici, cette petite histoire de la feuille qui tombe et qui découvre le monde pendant sa longue chute...

Mais je ne pouvais pas me résigner à continuer ce texte sans avoir remis les quelques premières ligne de l'histoire de cette feuille...

voici donc la première partie...

« Et voilà ! L’été s’achève ! Et avec lui c’est notre vie qui s’arrête. Beaucoup d’entre nous sont déjà tombées, mortes, leur corps jauni par la saison, sec, craquelé.

Je les vois encore se détacher, sans un cri, sans un mot, sans même un dernier murmure. Je me rappelle le vent soufflant sous elles, les emportant et les répandant à son gré sur le sol déjà humide des premières pluies.

J’attend que mon heure vienne. J’attend de sentir le coup de vent qui me fera tomber et m’emportera au loin. Loin de ma maison, loin de mes racines.

Ma vie aura été de bien courte durée. Le temps d’un printemps et d’un été.

Nous ne sommes plus beaucoup désormais…Et bientôt il ne restera plus aucune d’entre nous.

Oh ! Un coup de vent ! Aïe ! Ca me tire de partout, la douleur est atroce, insupportable mais je tiens bon ! Je tiens à ma vie. Je m’accroche à cette branche qui fut mon toit. Ce coup de vent ci ne m’emportera pas. Pas encore. Ce n’est pas mon tour, je le sais.

Tant que la sève coulera dans mes veines je ne serait pas emportée. J’ai encore du temps devant moi… Moins qu’avant c’est sûr !

Je me rappelle du moment ou j’ai vu le jour. Ce jour où, de bourgeon je me suis épanouis pour devenir une feuille, une vrai ! Je me rappelle la sensation que l’on ressens lorsque l’on se déplie dans un bruissement. Cette longue et lente évolution. Le Soleil caressant nos nervures et réchauffant notre sève.

Tout l’été le Soleil nous a permit de vivre, et maintenant il nous laisse entre les mains du vent. De l’impitoyable vent qui nous arrache à cette branche sur laquelle on a vécu si peu.

Encore un coup de vent, et deux autres feuilles qui s’envolent. Nous ne sommes plus que cinq sur cet arbre. L’autre arbre à coté est déjà complètement nu. Toutes ses feuilles jonchent maintenant le sol. Certaines on déjà été ramassées et entassées dans un coin où le vent ne peut pas les éparpiller à nouveau.

Une autre bourrasque vient plier le tronc de jeunes bouleaux. Le vent est plus violent cette fois ! Mais je l’attends. Il ne m’aura pas encore. Il arrive. Il balaye les feuilles déjà tombées et fait craquer les branches.

Il arrive maintenant sur notre arbre. Ca y est il a atteint les premières branches. Deux autres feuilles tombent. Les deux autres ne vont pas tarder à les rejoindre… Vais-je rester encore un moment, seule, sur cet arbre ? Et voilà ! Je suis la dernière…

Le vent continu de souffler…J’essaye de résister m ais le vent est trop fort…Beaucoup plus que moi ! Ce n’est pourtant pas encore mon heure...Je…Je ne comprend pas…Je vis encore…Tu n’as pas le droit de m’arracher à cet arbre, pas maintenant…sa sève coule encore dans mes veines…Nous ne sommes encore q’un …Tu ne peux pas nous séparer !

Non…Pas encore…Pas maintenant ! Pourquoi maintenant ? Adieu ma maison, ma branche, mon arbre…Je tombe mais je vis encore…

Envie de créer un deuxième univers...sobre, non pollué par les aléas de ma vie...
Juste un endroit pour mettre mes textes, un endroit que j'espère vous prendrez plaisir à lire...
Une page blanche pour le moment, dans l'attente de se voir fleurir de mille mots de mille sentiments a vous faire éprouver...
Un espace réservé à cette partie de moi qui ne peut s'exprimer qu'en écrivant les mots qu'elle ne sait pas dire...
Mais je ne vais pas m'étendre plus sur cette introduction ou je risque fort de polluer cet univers en racontant ma vie...
Alors si vous le voulez bien je vais laisser place à l'Ecriture, celle où les mots se mélangent et se marient pour vous faire ressentir ce qu'ils expriment...l'écriture qui se lit avec le coeur et non avec les yeux...